Pour la quatorzième année consécutive, Prescrire publie un bilan des médicaments à écarter pour mieux soigner. Ce bilan recense de manière documentée des médicaments plus dangereux qu’utiles, avec pour objectif d’aider à choisir des soins de qualité, de ne pas nuire aux patientes et aux patients et d’éviter des dommages disproportionnés. Il s’agit de médicaments (dans de rares cas, seulement une forme ou un dosage particulier) à écarter des soins dans toutes les situations cliniques dans lesquelles ils sont autorisés en France ou dans l’Union européenne et par extension dans le monde entier.
Selon Prescrire, 108 médicaments sont à écarter en 2026. Figurer sur cette liste ne signifie pas un retrait du marché, mais constitue un signal de vigilance pour les patients comme pour les soignants. Par exemple :
- Le phloroglucinol (Spasfon), un médicament en vente libre aux effets indésirables potentiellement graves. Ses effets indésirables possibles – réactions allergiques, très rares syndromes de Lyell (un syndrome dermatologique potentiellement mortel pour le patient) – sont bien documentés, tandis que son efficacité reste incertaine pour les douleurs intestinales ou gynécologiques.
- Certaines argiles médicamenteuses, telles que la diosmectite (Smecta) ou l’hydrotalcite (Rennieliquo), susceptibles de contenir naturellement du plomb, une substance neurotoxique. Lorsque l’usage d’un médicament est réellement nécessaire, Prescrire recommande de privilégier des alternatives sans argile, comme Gaviscon, composé de bicarbonate et d’alginate de sodium.
- Parmi les sirops antitussifs l’oxomémazine (Toplexil), responsable de somnolence et d’autres effets indésirables ou l’ambroxol (Muxol), quant à lui, expose à des réactions anaphylactiques ou cutanées parfois sévères, sans faire mieux qu’un placebo.
- Prescrire déconseille également le géfapixant (Lyfnua), un médicament récent contre la toux chronique. Son efficacité est jugée modeste, tandis que les effets indésirables – en particulier des troubles importants du goût, mais aussi des infections respiratoires ou des calculs urinaires – sont fréquents.
- En cas de toux, il est préférable, selon Prescrire, de se tourner vers le dextrométhorphane, contenu par exemple dans le sirop Tussidane, bien qu’il comporte lui aussi des limites.
- Face aux maux de gorge, les pastilles semblent une solution évidente. Pourtant, l’alpha-amylase (Maxilase) ne montre aucune efficacité clinique solide et expose à des réactions allergiques parfois graves. L’avis de Prescrire reste inchangé : pour les désagréments de l’hiver, mieux valent le miel, l’eau sucrée, les confiseries à sucer ou du paracétamol en cas de douleur intense.
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), possèdent tous des effets indésirables communs, notamment digestifs, cardiovasculaires ou rénaux : l’acéclofénac (Cartrex) et le diclofénac (Voltarène) augmentent le risque de mortalité cardiovasculaire (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque). Les myorelaxants tels que Miorel n’apportent souvent pas plus qu’un placebo, tandis que d’autres, comme le méthocarbamol (Lumirelax), exposent à des troubles digestifs et cutanés.
- La chondroïtine (Chondrosulf), largement utilisée dans l’arthrose, rejoint la liste des produits à écarter en 2026. Les données montrent une absence d’efficacité, combinée à des risques allergiques. Elle rejoint ainsi la glucosamine (Voltaflex, Flexea, Chondroflex, etc.) déjà déconseillée. En cas de douleurs articulaires, Prescrire recommande de privilégier le paracétamol, l’ibuprofène ou le naproxène, utilisés ponctuellement et à la dose minimale efficace.
- Certains antidépresseurs figurent également dans la liste noire. L’agomélatine (Valdoxan) n’a pas fait mieux qu’un placebo dans les études, tout en exposant à des hépatites, pancréatites, risques suicidaires ou réactions cutanées.
- Le citalopram (Seropram) et l’escitalopram (Seroplex), deux IRS (des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), comportent un risque accru en cas de surdosage par rapport à d’autres médicaments de la même classe.
- L’andexanet alfa (Ondexxya), utilisé en milieu hospitalier pour contrer certaines hémorragies graves. Prescrire pointe un risque thromboembolique important, conduisant à son inscription sur la liste des produits à éviter, bien qu’il ne soit pas commercialisé en ville.
Le fézolinétant (Veoza), contre les bouffées de chaleur de la ménopause. Ce tout récent traitement non hormonal peine à démontrer un bénéfice significatif, tandis que la revue signale des atteintes hépatiques, parfois graves.
Il faut rappeler que l’automédication comporte des risques, et que l’avis d’un professionnel de santé demeure indispensable pour choisir un traitement réellement utile, efficace et sûr.
Pour en savoir plus et accéder à la liste complète ICI
